
Portrait d’Angélique : voyager 450km à pied en solo, c’est possible !
Nous avons reçu Angélique, fondatrice de CoYogis et aventurière dans l’âme. Elle nous parle de son dernier voyage, pour le moins atypique. Angélique intervient à L’Équilibriste depuis nos débuts en tant que professeur de yoga (vous pouvez la retrouver 1 dimanche sur 2 avant le brunch d’ailleurs).
Baroudeuse à ses heures perdues, Angélique a parcouru 450 km à pied depuis Lyon jusqu’aux sources de la Seine en février 2022. Elle nous partage son expérience de voyageuse solo et nous confie ses petites astuces pour se préparer comme une pro.
Qui es-tu ?

Je m’appelle Angélique Boucé et j’ai 31 ans. J’ai grandi dans la campagne normande et fait des études en école de commerce, qui m’ont donné l’opportunité de partir à Rennes, à Grenoble, mais aussi aux États-Unis et à Barcelone. Pendant plusieurs années, j’ai travaillé dans la finance à Paris, ce qui m’a beaucoup enrichie. J’ai finalement quitté la vie parisienne vers, progressivement, ce mode de vie avec des voyages seule. Je me suis rendue en Australie (10 mois), en Indonésie (2 mois) et au Népal (2 mois).
À mon retour, je me suis installée à Lyon, mais j’ai continué de voyager seule, car je me sentais en phase avec ce mode de vie. J’ai choisi de voyager à pied, à vélo et en kayak en France en pratiquant le bivouac*. Je voulais une immersion au plus proche de la nature, c’est ce qui me correspondait le plus.
*camper en pleine nature avec un équipement léger de type tente.
Tu as réalisé ton dernier voyage à pied, dis-nous en plus ?
Je suis partie de Lyon pour me rendre aux sources de la Seine (Bourgogne) dans une petite vallée magnifique. J’ai fait le choix de passer par les massifs, ce qui équivaut à 450 km. J’ai mis précisément 11 nuits et 12 jours pour réaliser ce trajet que j’ai effectué fin février donc en plein hiver ! J’ai organisé chaque étape de mes journées, avec prévision de mes spots de bivouac. Je ne les ai pas parfaitement respectées, mais cela m’a permis d’avoir un objectif au quotidien.
Les distances parcourues par jour peuvent aller jusqu’à 50 km (en moyenne près de 40 km par jour). Je marche toute la journée donc parfois l’envie de s’asseoir ou de s’arrêter, surtout lorsqu’il fait nuit, est prenante. En se fixant un objectif, cela permet de mieux respecter son planning.
Décris-nous une de tes journées
Toutes mes journées étaient assez différentes, mais en termes de routine, on avait :
*6h40 : réveil au cœur de la nature. Il fait encore nuit. J’émerge doucement, je range la tente, je me fais chauffer de l’eau et prépare mon petit-déjeuner. Généralement, je mangeais des biscuits avec mon thé. Je m’habille, je plie mon duvet, mon drap de soie, range mon matelas. L’hygiène est forcément plus limitée donc pas de douche tous les jours ou du moins le strict minimum. Mon confort, c’était de me peigner les cheveux (rires).
*8h00/ 20h : départ pour une journée de marche. Quelques petites pauses dont la pause repas que je n’éternise pas pour ne pas trop traîner. Il m’arrivait de faire aussi des postures de yoga lors de mes pauses pour détendre mes muscles ou encore juste pour admirer le paysage qui se présentait à moi.
Comment gérais-tu les ressources (eau, alimentaire, …)
L’accès à l’eau en hiver est beaucoup plus restreint qu’en été. Les points d’eau publics sont pour la plupart fermés. Pour m’approvisionner, je toquais chez les gens qui étaient pour la plupart très accueillants. J’ai même eu l’occasion de prendre des douches chez des habitants alors que je venais juste récupérer de l’eau.
Pour m’approvisionner en nourriture, je me ravitaillais au besoin dans un commerce sur mon chemin. Je les avais prévus en amont sur mon trajet ce qui me permettait de savoir quand était le prochain et prendre uniquement le nécessaire. Mon repas du midi était souvent constitué de pain et de rillettes. Parfois des fruits si je pouvais. Pour le goûter, des fruits secs et du chocolat noir ! Le soir, j’optais pour des soupes de nouilles chinoises.
Anecdote : j’ai fini l’ensemble de mes vivres un soir. Mais pas de panique, car je savais qu’il y avait une épicerie sur mon trajet. Le lendemain matin, je pars pour 10 km afin d’atteindre la petite épicerie. Arrivée, elle était fermée… Et le prochain commerce était 40 km plus loin. Ça m’a fait un coup au moral cependant je ne me suis pas découragée. J’ai toqué à une porte où une personne âgée m’a donné de l’eau ainsi que la moitié de sa baguette. Je retiens la bienveillance des personnes qui m’ont accueillie.
As-tu vécu des moments difficiles ?
La préparation aide beaucoup à anticiper les coups durs. J’ai fait des week-ends de préparation en amont dans des conditions similaires, ne serait-ce que pour renforcer mon corps. Une fois que tout se passe bien, on allonge la durée, ce qui permet de limiter les mauvaises surprises. En revanche, comme beaucoup, j’ai des peurs. La crainte d’être seule, de marcher la nuit ou de bivouaquer dans des endroits reclus. On apprend à les gérer progressivement. De mon côté, je faisais des exercices de respiration et de visualisation pour les canaliser.
Mais même si j’ai des peurs, j’aime passer du temps dans la nature. J’ai une grande aspiration à la nature. Je suis convaincue que nos peurs cachent en réalité des choses qui nous plaisent et qui nous animent.
Et des bons moments ?
Après plusieurs jours de marche, j’étais assez fatiguée. Un matin, je glisse la fermeture de la tente et j’aperçois un lever de soleil à couper le souffle. Un moment en apesanteur où tu sais pourquoi tu fais ce voyage.
Je retiens deux rencontres fortes. La première avec Bernadette à qui j’ai demandé de l’eau. Nous sommes restées un moment à discuter de nos histoires respectives. En partant de chez elle, j’étais douchée, j’avais mangé et mon téléphone était chargé. Elle m’avait aussi donné un petit goûter.
La seconde, j’aperçois une femme à qui je demande de l’eau. Un peu gênée, je lui demande s’il y a des douches publiques dans le village. Forcément, en plein hiver, rien. Elle m’a invitée chez elle. J’ai pu me doucher et prendre le goûter. Nos aurevoirs étaient un moment émouvant avec beaucoup de chaleur humaine.
Comment bien préparer son voyage?

Pour mieux se préparer, il faut se mettre dans l’action tout de suite. Si vous souhaitez faire une randonnée, partez marcher même dans la ville 1h ou 2h et analysez-vous après. Qu’importe le type de projet, allez-y pas à pas.
Je prépare tous mes voyages même s’il y a toujours de la place pour de l’improvisation. L’un n’empêche pas l’autre (rire). Je me renseigne en amont sur les destinations : les conditions de santé et déplacement, le voyage solo en tant que femme dans le pays de destination et anticipation du matériel, mais toujours de façon minimaliste.
Côté matériel, j’ai emmené deux batteries externes et des panneaux solaires pour l’énergie. J’économise beaucoup ma batterie, car en hiver, il y a moins de soleil. Cette fois, je n’ai pas écouté de divertissement en marchant, si ce n’est le bruit autour de moi. C’était assez inédit pour moi et finalement, c’était très bien.
Est-ce que ta condition de femme a eu des répercussions positives ou négatives dans ton voyage ?
On m’a beaucoup dit quand tant que femme, j’étais imprudente, car trop dangereux. Cela est assez pesant quand on ne prend pas en compte les craintes initiales de la personne concerné. À l’inverse, les gens sont beaucoup plus ouverts envers les femmes, certainement car nous faisons « moins peur ».
Quelle est ta prochaine aventure ?
Cet été, nous partons pour 550 km à pied dans les Pyrénées avec Marion, vidéaste, et Klervi, graphiste. 5 semaines de bivouac ! Nous partons à la rencontre de 4 figures inspirantes, qui ont fait des choix de vie forts vers une préservation du Vivant. Nous les rencontrerons chez eux, puis ils viendront marcher et passer une soirée avec nous, le temps d’un bivouac. Caméra sur l’épaule, micro en main, nous filmerons ce cheminement. Le projet s’appelle Des Hêtres à la Cime, film documentaire à venir. Pour en savoir plus : https://www.deshetresalacime.com/.
Merci à Angélique pour son retour d’expérience.
Nous sommes ravis de l’avoir reçu et espérons pouvoir vous proposer d’autres portraits.
Vous pouvez retrouver les aventures d’Angélique sur ses réseaux sociaux :
- Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=sruPnWZHono
- Instagram : @angelique.bouce
Vous aussi vous avez une expérience à nous partager ? Contacter nous à communication@lequilibriste-lyon.fr
